Petits formats. Huiles sur toile. 30X30cm
Petits formats. Huiles sur toile. 30X40cm
Benoit Roman d’Amat est né en 1965 à Paris.
Il vit et travaille à Neauphle-le-Château
1981-1984 : Ecole d’Art Graphique, rue Madame, Paris VIe.
1985-1992 : Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris – Atelier Caron.
En dehors des expositions, depuis 1990, réalisation de nombreux décors et peintures en trompe l’œil dans des demeures particulières, immeubles et châteaux à Paris, Boulogne, Levallois, Neuilly, Neauphle-Le-Château, en Normandie, dans l’Orléanais et le Midi.
Décors de théâtre pour l’Ours de Tchekhov au Théâtre des Amandiers à Nanterre en 1984.
4 livres d’aquarelles : Carnet d’un flâneur ( Paris, Parigramme) en 2007 – Strolls through historic Durham (Durham Cathédral, GB) en 2009 – Carnets d’un promeneur Nauphleen (Syndicat d’Initiative de Neauphle-Le-Château) en 2010 – Mondaye, Portrait d’Abbaye (Abbaye de Mondaye, Calvados) en 2012.
Benoit Roman d’Amat expose à Peinture Fraiche depuis 2005.
« Le bateau coule, mais on chante encore » Myriam Boccara . Vendredi 4 Octobre 2024
Parmi les peintres qui exposent à la Galerie Peinture Fraiche, Benoit Roman D’Amat fait figure de singulier, voire d’original et de fantasque. En découvrant sa peinture pour la première fois je me suis dit qu’il avait l’humour anglais. British obviously avec un tel regard caustique !
Je me suis dit aussi que « Les malheurs de Sophie » l’avait beaucoup marqué, car ignorant les conventions du joli et du beau, il avait osé peindre des fillettes capricieuses, des teignes jamais contentes. Et que ce n’était pas donné à tout le monde d’avoir un pareil culot.
Artiste décorateur, puisqu‘ il a d’abord commencé par peindre les murs de sa chambre sous l’œil bienveillant de ses parents : des littéraires à l’esprit libre dont il fera certainement ses sujets à peindre. Jouant Feydeau en oripeaux avec sa grand-mère qui avait la passion du théâtre. Très tôt dans la peinture, (tout le monde peignait à la maison), très tôt à jouer avec sa grand-mère, avec sa grande sœur à l’Opéra Garnier, très tôt dans les calottes et les rubans théâtre et des costumes. Benoit a été mis aux arts très tôt. : grande et petites églises. TRETEAUX
En apparence dans le monde de Benoit, « Tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté » (Baudelaire). Nous sommes dans les dédales d’une vieille demeure. Une société de personnes vu dans la vie, dans des vieux magasines (Photos volées et détournées) se livrent à des rites immémoriaux. Un peintre reporter les fige comme papillons épinglés à un mur de préférence vert de gris. Ceux sont des abandonnés. Ici une fête comme bal perdu : « A la santé du colonel », « Rita Gambas », Là, deux copines : « Les carnivores », « Les araignées » sorties tout droit « D’arsenic et vieilles dentelles » « Antoine et Dominique » bien sapées comme des baronnes à l’heure du drink, « Betty et Bertha », « Sestry » . Des couples assoupis comme vieux meubles dans la plus parfaite indifférence reposent en paix presque gisants dans des fauteuils louis XVI : « Douceur angevine », « Au restaurant 0dessa Mama ». Dans ces tableaux, le temps est plombé et la monotonie EFFARANTE. « Les trois poules », « Les gros rats de l’opéra » croisent des petites filles sans âge « Olga 1953 », « Peau de vache », celles qui ne voudraient pas grandir et que le temps, ce « putain » de temps a rattrapé. Punis de vieillir, condamnés à vivre » ( Cocteau). Pour le fêter solennellement, même les gâteaux font la gueule : « Le gâteau morne ». Dans la rue, les immeubles sont vides ou en cours de démolition. On y voit leur entrailles, leur envers du décor . Dans les chambres, dans les salons, les fauteuils aussi sont vides, un peu déchirés comme déchirés de la vie. Ils sont beaux, ouvragés, on s’y est reposé longtemps avant de partir là-haut. Les fauteuils dégueulent leurs tripes et les vieilles : « Pensées profondes » offrent leurs culs aux passants. Qui sont ces gens qui habitent cette demeure, la société de Benoit ? : des oncles, des tantes, des copines, des cousins à la mode de Bretagne, des stars, des vampes en fin de règne : Mme Zyma, La cigarette, Blood Lilly. Des solitaires, des solitudes, des masqués, des costumés, des clowns sortis d’un carnaval triste, furieusement nostalgique. DEFILÉ. On entend la musique de Nino Rota, d’Anton Karas des violons et des valses. Un ventriloque exhibe ses poupées grotesques dans une étreinte particulière : Off et on. En apparence, tout va bien : Ordre, beauté, luxe, calme et volupté mais si l’on regarde de plus près, on y voit un trou, une déchirure, un nez égratigné et tant de blessures. En apparence, tout semble tenir bien droit. Après un tremblement de terre, tout semble tenir presque droit à condition de se pencher un peu et de regarder un monde à la lisière de sa disparition. Monde en résistance mémorielle, comme devoir de mémoire. Monde attachant de l’enfance.
Ainsi font, font, font les petites marionnettes. Remonté d’un grenier ou d’une cave le passé s’invite dans le présent d’un monde d’avant. Par bribes dans le continuum de ces prédécesseurs, Offenbach, Daumier, Lautrec, Degas, Fellini et tant d’autres le théâtre d’ombres de Benoit se fait jour sans une ombre au tableau. Il a 15 ans, accompagne sa sœur à l’Opera Garnier, fredonne au son de Mozart, Verdi, Turendot, peint, peint sans cesse. Nous n’avons pas quitté les coulisses d’un vieil opéra ou goûte encore sans doute une chasse d’eau sous une lumière blême.
A Neauphle le château au 31, de la rue de Villancy vit et travaille le peintre Benoit Roman d’Amat dans un ancien petit manoir rural d’autrefois. Dans son atelier, ressemblant à une serre, il y cultive dans son marasme des oréades. J’y vois la pomme de la fée Carabosse si belle au devant et laide au dedans. Ici, on en a pas fini avec la beauté vénéneuse
A Neauphle le château, j’entends la musique sur le Boulevard du crime. Un ventriloque serrant d’amour ses poupées molles. J’ai déjà vu ce type quelque part. Dans un film de Todd Browning sans doute. A Neauphle le château, la Marguerite D n’a qua bien se tenir.