Encres, carborundums, gravures
Monique Dollé Lacour est diplômée Des Arts Appliqués et des Beaux Arts de Paris en peinture.
A enseigné les Arts Plastiques jusqu’en 1994.
Après de nombreux séjours en Arabie entre 1994 et 2008, elle partage désormais son temps entre la Bretagne et Aubervilliers.
Ma démarche artistique est, au départ, instinctive, intuitive.
La surface de la toile est cet espace libre où se réinvente un monde avec son propre langage.
C’est « une expérience poétique… une métaphore qui ne se laisse pas expliquer… sur elle viennent se faire et se défaire les sens qu’on lui prête. » dit Pierre Soulages.
La nature reste au centre de mes préoccupations et travaille mon regard en profondeur. Aussi, je traque par la photo ce qui habite ma peinture, et les deux s’entrecroisent comme dans un tissage.
Les techniques de l’empreinte furent de tout temps une des bases de mon travail ; graphisme fortuit des buvards, monotypes, gravures sont à l’image des traces laissées par l’expérience.
L’Arabie où j’ai vécu plusieurs années m’a offert la liberté de sortir des compositions cadrées et cernées qui étaient les miennes. L’influence du désert a modifié l’espace de la toile par le jeu d’ouvertures latérales et a dévoilé une nouvelle nécessité de silences accentuant l’épuration du langage.
Les signes que j’aime, quintessence graphique ou fragmentaire d’une écriture de la nature, sont récurrents dans mon travail. Je suis avant tout face à la toile ou au-dessus d’elle, guidée par le corps et le geste, dans une interrogation permanente de ma relation à la matière, fluide ou pas, aux traces accidentelles, aux coulures, aux couleurs pures des pigments, des goudrons, de l’aluminium, aux superpositions et transparences… La peinture se fait sans les mots, dans l’intimité de l’atelier. C’est sur cet humus, dans ce terreau enrichi, que la semence du signe écrit peut se lover ou se plaquer comme une citation, se dire sauvagement, parfois dans une tension extrême du corps et du mental venant du plus profond, et qui va naître… et que je peux reconnaître.
Monique Dollé Lacour